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Sommaire

INTRODUCTION
I. NAISSANCE DES PREMIERS EMPIRES COLONIAUX EUROPÉENS
A. À L’ORIGINE, LA CONJUGAISON DE PLUSIEURS FACTEURS
1. Les motivations religieuses
2. Les facteurs économiques
3. Les facteurs géopolitiques
4. Les progrès de la connaissance, des sciences et des techniques
B. L’ÉLAN DES GRANDES EXPLORATIONS MARITIMES
C. LA CONQUÊTE DU « NOUVEAU MONDE »

II. LES CONSÉQUENCES DE LA CONQUÊTE
A. UNE ÉCONOMIE DE PRÉDATION ET UNE MISE EN COUPE RÉGLÉE DES TERRITOIRES
B. DES SOCIÉTÉS COLONIALES QUI ARTICULENT DOMINATION, ACCULTURATION ET MÉTISSAGE, DES CIRCULATIONS ÉCONOMIQUES MONDIALISÉES

CONCLUSION : NAISSANCE DE LA MODERNITÉ ?

Manuel p.86-115

Introduction

Introduction et problématique p.86-87- Après un premier thème consacré à une approche de la Méditerranée sur le temps long qui a mis en évidence une dynamique de développement politique, économique et culturel des sociétés de la Chrétienté latine durant la période médiévale, ce deuxième thème montre le changement d’échelle de cette dynamique, en étudiant les facteurs à l’origine du basculement des échanges vers l’Atlantique à partir du XVe siècle ainsi que ses conséquences en Europe et dans les territoires conquis. L’objectif est ici de montrer comment les dimensions technique, scientifique, économique, géopolitique, intellectuelle, artistique et religieuse concourent à ces évolutions.

Cela nous invite à réfléchir à la borne marquant le début de l’époque moderne. L’invention de l’imprimerie (1450), la prise de Constantinople (1453), la « découverte » de l’Amérique par Christophe Colomb (1492) ou encore les 95 thèses de Luther (1517) sont en effet des césures possibles, qui interrogent la notion de modernité et sa complexité.

Quelles sont les causes et les conséquences du basculement des échanges vers l’Atlantique aux XVe et XVIe siècles ?

I. Naissance des premiers empires coloniaux européens

A.    À l’origine, la conjugaison de plusieurs facteurs

« Grandes découvertes » : histoire de mots p.89- La grande question est de savoir pourquoi et comment, à la fin du Moyen Âge, le mouvement d’exploration des Européens à travers le monde s'est accéléré. Plusieurs facteurs se conjuguent.

1.     Les motivations religieuses

Non seulement on connaît l'existence de populations lointaines et l'on éprouve un désir d'évangélisation -Vocabulaire p.92 universelle, mais encore on n'abandonne pas l'idée de croisade contre l'Islam. Les Portugais et les Espagnols rejettent les Maures en Afrique et y établissent même des garnisons pour se protéger de nouvelles invasions. Depuis le XIIIe siècle, on sait qu'il existe, au-delà de l'empire des Turcs et des Arabes, un grand royaume fort et riche, dont le prince est un chrétien : le négus d'Éthiopie (le « prêtre Jean »). En concluant une alliance avec lui, on pourrait prendre les Turcs en tenaille et les écraser.

2.     Les facteurs économiques

À la fin du Moyen Âge, à côté des vieilles structures féodales, s'est développée une bourgeoisie riche, qui pratique déjà un véritable commerce international, dont les grands centres sont Venise, Gênes, Lyon, Munich, Bruges. Cette bourgeoisie cherche de nouveaux débouchés et de nouveaux produits, rares et précieux comme les épices ou l’or. La prise de Constantinople par les Turcs, en 1453, n'a pas, comme on l'a dit souvent, coupé la route des épices par le Moyen-Orient. Cependant, contre le monopole de Venise et de Gênes, le Portugal et l'Espagne cherchent un itinéraire concurrent. D’où les investissements dans les constructions navales et les expéditions maritimes.

Enfin, dans la péninsule Ibérique, aussi bien en Espagne qu'au Portugal, les bourgeoisies sont moins puissantes que les noblesses terriennes. Mais les cadets des grandes familles cherchent de quoi se tailler de nouvelles seigneuries : pourquoi pas dans des colonies -Vocabulaire p.92 établies sur ces terres lointaines ?

3.     Les facteurs géopolitiques

La conjoncture géopolitique a également joué un rôle important. La fin de la guerre de Cent Ans a permis aux Français de s'intéresser aux découvertes. L'Espagne et le Portugal se sont tournés vers les grandes aventures maritimes, une fois la Reconquista presque terminée. L'Angleterre a compris que son destin était maritime lorsqu'elle a vu la France l'évincer définitivement du continent. Enfin la lutte contre les Turcs ou les Arabes n'a pas un caractère purement religieux : il s'agit de se défendre contre des puissances qui menacent de faire la loi en Méditerranée et en Europe orientale et centrale.

4.     Les progrès de la connaissance, des sciences et des techniques

Les gens du Moyen Âge ne croyaient pas que notre planète était plate, mais il se figuraient les terres (Eurasie + Afrique) comme entourées d’un océan unique. Leurs connaissances se nourrissent des travaux des géographes de l'Antiquité hellénistique et des récits de voyage comme celui de Marco Polo -Le saviez-vous p.91, qui révèlent l'existence du Cipangu (le Japon) et du Cathay (la Chine). Ils en viennent à l'idée que sur cet océan unique, on peut naviguer jusqu'au Cathay, qu'il est possible d'atteindre par l'ouest[1].

À cette révolution géographique correspond, dans l'art de la navigation, un gros progrès, dû à deux souverains portugais : Henri le Navigateur (1394-1460) et Jean II le Parfait (1455-1495). Henri le Navigateur rassemble un groupe de savants qui, grâce aux progrès de la géographie, réunissent la première collection cartographique de l'époque. La boussole, connue en Méditerranée depuis le début du XIVe siècle, ne permet que la « navigation à l’estime ». Ce sont les mathématiciens réunis par Jean II qui perfectionnent le calcul de la latitude, y compris dans l’hémisphère Sud à l’aide de l’astrolabe[2] -Vocabulaire p.90, puis du quadrant. Les cartes marines, plus exactes, plus précises et plus complètes, évoluent, mais doivent encore être complétées par des « arts de naviguer » et des Portulans --Vocabulaire p.90.

Les constructions navales font aussi, au XVe siècle, un progrès décisif. Jusque-là on n'utilisait que la nef[3] ou la galère[4]. Au XVe siècle apparaît au Portugal la caravelle -Vocabulaire p.90, navire de haut bord comme la nef, mais plus léger (trente mètres de long), pourvu de cinq voiles réparties sur trois mâts qui lui permettent d'atteindre la vitesse… de dix kilomètres à l'heure.

B.    L’élan des grandes explorations maritimes

Repères. Chronologies p.88-89 + Carte 1. Découvertes et élargissement de l’horizon des Européens p.88-89 + Carte 2. La colonisation des Amériques à la fin du XVIe siècle.

C.    La conquête du « Nouveau Monde »

Le traité de Tordesillas attribuant le Brésil -Histoire de mots p.90 aux Portugais, les Espagnols se déploient dans le reste du « Nouveau Monde » -Vocabulaire p.90. Les forces militaires espagnoles se heurtent à un relief difficile, au climat tropical, à des tribus hostiles et surtout à deux centres de civilisation, l'empire des Aztèques sur le plateau du Mexique, l'empire des Quechuas avec sa dynastie Inca, au Pérou.

En 1519, le conquistador -Vocabulaire p.92 Hernán Cortés -Biographie p.93 débarque sur la côte mexicaine, obtient l'appui des tribus soumises par les Aztèques et s’empare de Tenochtitlan[5] en 1521 après avoir trahi la confiance de l’empereur Moctezuma et l’avoir fait exécuter. Inspiré par Cortés et attiré par l’Eldorado -Vocabulaire p.92, Pizarro -Biographie p.93 se lance à la conquête de l’Empire inca, accomplie en 1534 au détriment de l’empereur Atahualpa, lâchement exécuté lui aussi. En 1535, Pizarro fonde la nouvelle capitale du Pérou, Lima.

Ainsi est créé l'Empire espagnol[6] aux Amériques : un ensemble de colonies -Vocabulaire p.92 vastes mais éclatées -Carte 2 p.89. La colonisation des Amériques à la fin du XVIe siècle.

II. Les conséquences de la conquête

A. Une économie de prédation et une mise en coupe réglée des territoires

De nombreux Européens émigrent vers ces colonies, où une administration est instaurée, aux ordres de vice-rois et de capitaines généraux. Les villes conquises sont réaménagées : à Tenochtitlán, devenue Mexico, le temple et le palais de l’empereur sont remplacés par une cathédrale et un palais royal.

Le pillage des richesses des territoires s’organise. Les métaux précieux sont vivement recherchés par les Espagnols et Portugais -doc.2 p.102. Christophe Colomb en quête d’or + doc.3 p.103. Les mines d’argent du Potosi. Leur afflux en Europe enrichit les deux royaumes ibériques et leurs cités portuaires, comme Séville -doc.1 p.102. Séville au XVIe siècle.

La main-d'œuvre est recrutée parmi les Indiens, qu'on répartit (encomienda[7]) entre les colons pour le travail forcé des terres ou des mines (mita[8]) -doc.5 p.103. La pénurie d’Amérindiens exploitant l’or.

B. Des sociétés coloniales qui articulent domination, acculturation et métissage, des circulations économiques mondialisées

L’impact démographique est terrible, car aux violences militaires et aux mauvais traitements s’ajoute un choc microbien qui s’avère tragique -doc.1 p.108. Les Amérindiens touchés par la variole + doc.3 p.108. La diffusion rapide de la variole + Chronologie p.108. Les épidémies.

Accompagnant la colonisation, l’Église installe des missions, des couvents et des églises pour convertir les Indiens au catholicisme -doc.5 p.105. La conversion des Amérindiens. Certains ecclésiastiques, comme le dominicain Bartolomé de Las Casas -Biographie p.105, s’efforcent de protéger les indigènes contre les abus des colons. Une célèbre dispute, la controverse de Valladolid (1550-1551)[9], l’oppose à un autre ecclésiastique, Juan de Sepulveda -Biographie p.104. Dans ce débat convoqué par l’empereur d’Espagne Charles Quint (1520-1558) et le pape Jules III (1550-1555), la théorie aristotélicienne exposée par Sepulveda selon laquelle les Amérindiens sont esclaves par nature -doc.3 p.105 s’oppose à la conception, défendue par Las Casas, d’une égale dignité des hommes -doc.4 p.105. La conquête, un terme inadmissible. Si Las Casas obtient plus ou moins gain de cause concernant les Amérindiens, les colons auront désormais recours à la traite négrière, qui durera jusqu'au XIXe siècle.

En effet, on assiste au développement, dès la fin du XVIe siècle, d’une économie de plantation dans les possessions portugaises -doc.3 p.107. La capture d’esclaves par les Portugais (1441). Cette industrie sucrière naissante -doc.2 p.107. Une sucrerie au Brésil, nécessitant une main-d’œuvre nombreuse et de faible coût, s’appuie sur la traite négrière depuis des comptoirs africains, et entraîne une recomposition des circuits commerciaux -Carte 1 p.106. Les Portugais dans l’Atlantique au XVIe siècle ainsi qu’une évolution des habitudes de consommation et l’émergence de sociétés coloniales inégalitaires, cosmopolites et métissées, de part et d’autre de l’Atlantique -doc.4 p.107. Lisbonne, une ville cosmopolite au XVIe siècle.

Conclusion : naissance de la modernité ?

Exercice 2.6


[1] Une erreur de quarante degrés place le Japon aux alentours de la Californie actuelle.

[2] L’astrolabe, déjà connu dans la Grèce antique et perfectionné par les Arabes, mesure l'angle de l'étoile Polaire avec l'horizon. NB. Le calcul précis de la latitude restera impossible jusqu’au XVIIIe siècle, avec la généralisation du recours au quadrant.

[3] Trop lourde et trop lente, à un seul mât et une seule voile.

[4] Légère, effilée et rapide, mais trop basse sur l'eau pour affronter les vagues de l'océan.

[5] Aujourd’hui Mexico.

[6] Il est très différent de l'Empire portugais d'Orient, qui se limite à une simple organisation de comptoirs -Vocabulaire p.92, tandis que l’Empire espagnol dispose d’une extension territoriale.

[7] Institution de l’Amérique espagnole par laquelle un conquérant recevait pour récompense de sa fidélité à la Couronne le droit d’utiliser le travail d’un groupe d’Indiens qu’il devait, en échange, évangéliser. Les conquistadors regroupent des centaines d’Amérindiens dans un territoire constitué de mines ou de champs sous l’autorité d’un encomendero.

[8] Système de corvée existant dans l’empire inca et repris dans l’institution de l’encomienda

[9] Cf. Fabre, M. (2006). La controverse de Valladolid ou la problématique de l'altérité. Le Télémaque, 29, 7-16. https://doi.org/10.3917/tele.029.0007

 

 

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